Développement du muscle et intégrité musculaire

20/07/2023

 

Actuellement, les chevaux de sport et de course sont des athlètes issus d’une sélection ancestrale, d’abord par la nature, puis par l’homme. Cette sélection a développé des capacités physiques et physiologiques assurant vitesse et endurance, notamment grâce à leur système cardio-vasculaire et une musculature performante.
Les chevaux athlètes, aujourd’hui, sont qualifiés de « sprinters résistants ».

Afin de révéler tout le potentiel sportif du cheval athlète, il est important de compléter et soutenir la génétique avec de l’entraînement et une nutrition adaptée.

Sommaire

 

EDHYA vous propose de faire le point sur le muscle du cheval et l’impact de la nutrition sur son développement et sa résistance.

  1. La musculature du cheval

  2. Le développement du muscle

  3. Impact de la nutrition sur le développement musculaire

 

1) LA MUSCULATURE DU CHEVAL

 

Tout comme chez l’Homme, le cheval possède 3 types de muscles :

  • Les muscles lisses, indépendants du système nerveux
  • Les muscles squelettiques, sous le contrôle du système nerveux volontaire
  • Le muscle cardiaque

Les muscles squelettiques sont sollicités et rentrent en jeu pendant l’entraînement et au cours de l’effort.

Le système musculaire chez le cheval est surdéveloppé et représente 55% de son poids vif, soit 275 kg de muscles pour un cheval de 500kg. Il possède plus de 700 muscles squelettiques, contre 600 chez l’Homme soit 35% de son poids vif (voir Tableau 1 ci-dessous).

Les chevaux présentent également de grandes réserves en glycogène, des capacités aérobie (avec oxygène) et anaérobie (sans oxygène) plus importantes que chez l’Homme, leur permettant de réaliser des efforts plus intenses et plus importants.

 

Tableau 1 : Comparaison des caractéristiques musculaires entre l’homme et le cheval

 

Le cheval possède une grande proportion de muscles squelettiques, corrélée aux grandes capacités sportives du cheval.

Il existe 3 types de fibres musculaires dans le muscle squelettique :

 

  • Les fibres de type I : elles sont localisées dans les muscles rouges. Ces fibres fonctionnent sous métabolisme aérobie, permettant une combustion complète des substrats énergétiques sans déchet et donc un bon rendement. Elles utilisent les glucides et les lipides comme substrats énergétiques et sont peu fatigables. Toutefois, ce sont des fibres à contraction lente par leur petit diamètre et leur faible vascularisation : elles ne permettent donc pas une intensité d’effort élevée. Elles sont plus adaptées aux efforts longs type endurance.

 

  • Les fibres de type IIB : présentes dans les muscles pâles et elles ont des caractéristiques opposées aux fibres de type I. Elles fonctionnent majoritairement en métabolisme anaérobie (sans oxygène) et exclusivement avec des substrats glucidiques. Elles ont un rendement incomplet qui induit la production de déchets sous forme d’acide lactique. Ces fibres se fatiguent  précocement, dotées d’une contraction rapide grâce à leur diamètre important et leur forte vascularisation et sont donc essentielles pendant les efforts de vitesse ou de puissance. Avec l’âge et l’entraînement, ces fibres tendent à évoluer en fibres de type I ou type IIA.

 

  • Les fibres de type IIA : elles sont également présentes dans les muscles pâles et présentent des caractéristiques intermédiaires aux deux fibres citées ci-dessus. Elles utilisent majoritairement les glucides comme substrats énergétiques et ont un bon rendement, sans production de déchets. Elles sont économes en glycogène permettant ainsi de réaliser des efforts intenses sur la durée, typique du sprint long.

Chez le cheval, la proportion des différentes fibres musculaires dans le muscle squelettique dépend de l’âge, de l’entraînement et de la génétique, notamment de la race (voir Tableau 2 ci-dessous).

 

Tableau 2 : Types de fibres musculaires en fonction de la race : 

 

2. LE DÉVELOPPEMENT DU MUSCLE 

Le muscle squelettique est composé de plusieurs faisceaux, eux-mêmes composés de plusieurs fibres musculaires, regroupées les unes contre les autres (voir Figure 1 ci-dessous).

Les fibres sont, elles, composées de myofibrilles (actines et myosines) qui sont des protéines organisées en filaments, permettant  au muscle de se contracter et se détendre.

Figure 1 : Structure du muscle squelettique

Le renforcement musculaire ou l’entraînement ne permet pas la multiplication des fibres musculaires. En effet, c’est le volume de fibres qui change et pas le nombre. Les fibres s’épaississent par accroissement du diamètre et la longueur des myofibrilles.

L’entraînement est à l’origine de microfissures du muscles qui génère par une réparation et une adaptation, ce qui entrainent son épaississement.

En fonction de l’exercice, le développement impacte sur la commande nerveuse, le changement de structure des fibres ou la capacité élastique. Le développement musculaire est donc indissociable de l’effort et de l’entrainement.

 

3. IMPACT DE LA NUTRITION SUR LE DÉVELOPPEMENT MUSCULAIRE

L’entraînement et le travail musculaire participent au développement des fibres musculaires mais aussi aux besoins énergétiques du cheval. Le but de la nutrition, dans une période d’entraînement, est d’optimiser la densité capillaire dans le muscle, sa flexibilité et de favoriser l’apport de substrats indispensables pour développer la masse et fournir de l’énergie.

 

Pour l’énergie, le muscle se « nourrit » d’ATP (Adénosine-Triphosphate) et de phosphocréatine. C’est cette source d’énergie qui va être consommée par le métabolisme anaérobie pendant les 10 premières secondes d’effort. Ces deux sources sont relativement peu tributaires de l’alimentation du cheval. Elles se constituent à partir du glycogène en produisant de l’aide lactique.

Dans un second temps, le muscle va avoir besoin de brûler du glycogène pour renouveler les stocks d’ATP et de phosphocréatine. Les acides gras prennent alors le relais et deviennent une source d’énergie de plus longue durée pour le travail du muscle. Ces acides gras proviennent majoritairement des réserves adipeuses du cheval et leur utilisation est favorisée par un régime riche en lipides et un entraînement de fond. Ces deux facteurs permettent donc de limiter l’utilisation du glycogène musculaire.

 

Afin de favoriser le développement et l’intégrité musculaire, il est indispensable d’apporter à son cheval des protéines et plus spécifiquement, des acides aminés. Certains d’entre eux sont dits « limitants » ou « indispensables » et ne sont pas synthétisés par l’organisme : ils doivent donc être apportés par l’alimentation et/ou la supplémentation. Chez le cheval, la lysine est un acide aminé limitant connu. En effet, une carence en lysine peut limiter le développement musculaire même si la ration est riche en protéines totales. De plus, la lysine est un des acides aminés les moins présents dans les végétaux et elle est souvent considérée comme limitante dans les rations.

Il est conseillé d’apporter en quantité et en grande diversité des acides aminés dans la ration par des sources de protéines de qualité, afin de favoriser l’efficacité des nutriments ingérés. L’idéal est de ne pas augmenter fortement la quantité de protéines mais plutôt d’améliorer la qualité des apports en privilégiant notamment les sources d’acides aminés limitants.

Selon les recommandations, les rapports protéine/énergie à privilégier sont de 100 g de MADC/UFC pour les chevaux de sprint ou de puissance comme pour les chevaux ayant des efforts de fond.

Il est aussi important de suivre les apports en minéraux et en vitamines. En effet, l’action combinée de plusieurs nutriments indispensables est nécessaire au bon fonctionnement du muscle :

  • Les macro-éléments de type calcium, sodium, magnésium : ces éléments sont impliqués dans les phénomènes de fatigue et de régulation du système nerveux. Plusieurs phénomènes impactent leur présence dans l’organisme. La sudation entraine une perte importante de ces minéraux. L’utilisation excessive de céréales par exemple, augmente l’apport de phosphore dans la ration et limite l’assimilation du sodium et du magnésium.

Il est conseillé d’avoir un rapport calcium sur phosphore proche de 2

  • Les oligo-éléments et vitamines de type vitamine E, vitamines du groupe B, zinc, sélénium : le sélénium, grâce à son pouvoir anti-oxydant, et en corrélation avec les vitamines A, E et C permet d’assurer l’intégrité des cellules musculaires. L’entrainement, la production d’acide lactique et la présence d’acides gras dans la ration augmentent les besoins en sélénium.

 

Chez le cheval athlète, il est donc conseillé d’apporter du sélénium et des vitamines pour favoriser le développement musculaire.

Les glucides apportés majoritairement par la ration (fibres et céréales) sont avec les lipides, les sources d’énergies majoritaires pour les muscles squelettiques.

La qualité des acides aminés est à privilégier plutôt que la quantité comme source de protéine et notamment pour la lysine.

Enfin, il est important de suivre les apports en macro-éléments, oligo-éléments et vitamines pour s’assurer du bon développement du muscle et du maintien de son intégrité.

 

 

 

Sources : 

Sorge, M. Feeding your horse to perform. The Horse, 2011. [article en ligne] www.thehorse.com/print-article/28107  

Oke, S. Supplementation strategies for performance horses. The Horse, 2012. [article en ligne] www.thehorse.com/print-article/28508  

Martin-Rosset, W. et coord. 2012. Alimentation des chevaux. Paris : Editions Quae.

NRC (Comittee on Nutrient Requirements of Hors), 2007. Nutrient Requirement of Horses : Sixth Revised Edition. 6ème edition. Washington, D.C. : The National Academies Press.

Wolter, R. 1999. Alimentation du cheval. 2ème édition. Paris : Editions France Agricole.

 

 

Une marque Bernard Agriculture Logo Bernard Agriculture