Alimentation et développement musculaire chez le cheval

23/07/2019

Les chevaux sont de super athlètes, sélectionnés depuis des centaines d’années par la nature puis par l’homme. Cette sélection les a dotés de capacités physiques et physiologiques leur permettant d’aller vite et d’être endurants. Ils sont qualifiés de « sprinters résistants ».
Ces aptitudes sont notamment liées à leurs capacités cardio-vasculaires et aux spécificités de leur musculature.
 

 

Pour permettre l’expression de toutes ces potentialités sportives, l’entrainement et l’alimentation doivent compléter et soutenir la super génétique du cheval athlète. Cet article vient faire le point sur l’impact de la nutrition sur le développement et la résistance musculaire du cheval et donc s’intéresser au lien entre le muscle et l’alimentation du cheval.

La musculature chez le cheval

Comme l’homme, le cheval possède 3 types de muscles : le muscle cardiaque, les muscles lisses, indépendants du système nerveux, et les muscles squelettiques, qui eux, sont sous le contrôle du système nerveux volontaire. Ce sont ces derniers qui entrent en jeu lors de l’entrainement et de l’effort.

Le cheval possède un système musculaire surdéveloppé représentant 55 % de son poids vif (soit 275 kg de muscles chez un cheval de 500 kg) avec plus de 700 muscles squelettiques.
Par comparaison, l’homme possède environ 600 muscles squelettiques pesant pour 35 % de son poids vif (cf Tableau 1).

Tableau 1 : Comparaison des caractéristiques musculaires entre l’homme et le cheval

  Cheval Hommes
Nombre de muscles squelettiques ≈ 700 ≈ 600
Proportion de muscles squelettiques (%PV) 55 35
Capacité aérobie ++ +
Capacité anaérobie ++ +
Teneur musculaire en glycogène +++ ++
Production de lactates ++ +

Fibres musculaires

I

IA

IIB

 

+

++

+++

 

+++

++

+

 

Le cheval possède des capacités aérobies et anaérobies importantes et de grandes réserves en glycogène musculaire.
Les capacités physiques du cheval sont correllées à la proportion des types de fibres qui composent les muscles squelettiques (cf tableau 1 et 2).


Il en existe trois qui sont :
* Les fibre de type I : ce sont des fibres fonctionnant sous un métabolisme aérobie permettant une combustion complète des substrats énergétiques, sans déchets, soit avec un bon rendement. Elles peuvent utiliser les lipides et les glucides comme substrats énergétiques. Elles sont peu fatigables. En contre partie elles se contractent de façon relativement lente ne permettant pas un intensité élevée. Ce sont les fibres de l’effort long type endurance.
* Les fibres de type IIB : ces fibres présentent les caractéristiques opposées, elles fonctionnent majoritairement en métabolisme anaérobie, exclusivement avec des substrats glucidiques, un rendement incomplet qui induit la production déchet sous forme d’acide lactique. Le rendement est médiocre, la fatigue plus précoce, en revanche, elles sont dotées d’une contraction très rapide indispensable lors des efforts de puissance ou de vitesse. L’entrainement et l’âge tendent à faire évoluer ces fibres vers le type I ou le type IIA.
* Les fibres de type IIA : elles présentent des caractéristiques intermédiaires. Le substrat énergétique utilisé est en grande majorité glucidique avec un bon rendement énergétique sans production de déchets. Ce sont fibres économes en glycogène, permettant un effort intense sur la durée. Ce sont les fibres du sprint long

La proportion des différents types de fibres musculaires varie en fonction de la génétique (race), de l’âge et de l’entrainement.

Tableau 2 : Types de fibres musculaires en fonction de la race :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment le muscle de se développe t-il ?

Comme l’homme, le cheval possède 3 types de muscles : le muscle cardiaque, les muscles lisses, sur lesquels indépendants du système nerveux, et les muscles striés, qui eux, sont sous le contrôle du système nerveux volontaire. Ce sont les muscles qui entrent en jeu lors de l’entrainement et de l’effort.
Un muscle est composé de faisceaux, formés eux-mêmes d'un ensemble de fibres musculaires, serrées les unes contre les autres. A l'intérieur de ces fibres, des protéines organisées en filaments, les myofibrilles (actines et myosines), donnent la capacité au muscle de se contracter et de se détendre.
La musculation ne multiplie pas le nombre de fibres musculaires. En effet, les muscles sont constitués d'un nombre donné de fibres. C'est le volume des fibres qui change, elles s'épaississent grâce à l'accroissement du diamètre et de la longueur des myofibrilles. L’entrainement va provoquer des micro fissures dans le muscle qui va répondre par une adaptation et une réparation entrainant l’épaississement du muscle.
Selon l'exercice, le développement joue sur le changement de la structure (les fibres), les capacités élastiques ou la commande nerveuse.
De là on comprend pourquoi il n’existe pas de pilules magiques pour se muscler, le développement musculaire étant indissociable de l’effort et l’entrainement.

Nutrition et développement musculaire

Le travail musculaire influence le développement de fibres musculaire ainsi que la nature des besoins énergétiques. L’objectif nutritionnel sera d’optimiser la densité capillaire dans le muscle, la flexibilité, favoriser l’apport des substrats indispensables pour le développement de la masse et la fourniture d’énergie.

En terme d’énergie, le muscle se « nourrit » d’ATP et de phosphocreatine. C’est l’énergie qui va être consommée en mode anaérobies lors des 10 premières secondes d’effort. Ces 2 sources sont très peu tributaires de l’alimentation. Elles se reconstituent à partir du glycolène avec une production d‘acide lactique.
dans un second temps le muscle va brule du glycogène pour renouveler ATP et phosphocreatine. Les acides gras prennent ensuite le relais et deviennent une source d’énergie de longue durée pour le travail musclaire et proviennent majoritairement des réserves adipeuses. Leur utilisation sera favorisée par un entrainement de fond. et un régime suffisamment riche en lipides. Ceci aura pour bénéfice d’épargner le glycogène musculaire.

En ce qui concerne le développement musculaire, les protéines et plus spécifiques d’acides aminés indispensables (que le corps n’est pas capable de synthétiser et qui doivent être apportés par l’alimentation), tels que la lysine ou qui sont des acides aminés limitants. l’idéal est de ne pas trop augmenter les apports de protéines mais plutôt la qualité de ceux-ci. les recommandations indiquent de garder un rapport protéine/énergue proche de 100g de MADC/UFC aussi bien chez les chevaux de sprint ou de puissance que les chevaux de fond.

Enfin sur le plan minéral et vitaminique, les muscles fonctionne grâce à l’action combinée de multiples nutriments :
* macro éléments type sodium, magnésium, calcium: perte importante lors de la sudation, impliqués dans les phénomènes de fatigue et de régulation du système nerveux. A ce titre l’utilisation trop importante entraine des excès de phosphores, limitant l’assimilation du calcium et du magnésium. Un indicateur simple est la surveillance dans les rations d’un rapport Calcium sur Phosphore proche de 2.
* oligo-éléments et vitamines type zinc, sélénium, vitamine E, vitamines du groupe N : le sélénium par son pouvoir anti oxydant et en synergie avec les vitamines A, E et C assure l’ingrité des cellules musculaires. le travail, la présence importante d’acides gras dans la ration et la production d’acide lactique augmentent les besoins en selenium. on peut ajouter que sous sa forme organique, il est mieux assimilé et ne présente pas de risque de toxicité.

En résumé, sur le plan énergétique et musculaire, les glucides (apportés majoritairement par les céréales et les fibres) et les lipides sont les sources privilégiées. Sur le plan protéique on veillera à la qualité plus qu’à la quantité avec des sources riches en acides aminés essentiels comme le soja ou la luzerne. Quelque soit l’objectif, il est important de retenir que les fibres issues des fourrages seront toujours indispensables et devront représenter une part importante de la ration du cheval (entre 2 et 2,5 kg pour 100 g de poids vif soit 10 à 12,5 kg de foin de prairie pour un cheval de 500 kg). En plus d’être une excellente source d’énergie pour le cheval (sous forme d’acides gras volatils), les fibres mécaniques assurent le bon fonctionnement digestif, une régulation du pH et donc un équilibre de la flore microbienne et entrent en jeu dans le mécanisme de l'absorption de l’eau et de son recyclage au sein du gros intestin.

Pour suivre le développement musculaire de votre cheval, vous pouvez apprécier par observation et palpation la répartition des masses maigres (masse du squelette, des muscles et des viscères) et des masses grasses (réserves adipeuses), ceci associé à un suivi du poids, l’objectif étant de définir pour chaque cheval son poids et sa composition de forme, c’est à dire, l’état dans lequel il performe le mieux.

 

 

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