Sommaire
-
Qu'est-ce que le syndrome des ulcères gastriques équins ?
-
Causes et symptômes.
-
Traiter et prévenir l'ulcère.
-
Programme EDHYA pour la gestion des ulcères.
Qu’est-ce que le syndrome des ulcères gastriques équins ?
Définitions et anatomie de l’estomac
Le syndrome des ulcères gastriques équins ou EGUS (Equine Gastric Ulcer Syndrome) est défini comme une plaie, plus ou moins profonde, de la muqueuse de l’œsophage, de l’estomac ou du duodénum (première partie de l’intestin grêle). L’apparition de plaies est notamment favorisée par une augmentation de l’acidité de l’estomac.
L’estomac du cheval est composé de deux parties distinctes (cf. schéma ci-dessous) :
- La muqueuse squameuse : elle correspond à la partie supérieure (ou proximale) de l’estomac de couleur blanchâtre et occupe environ 1/3 de l’organe. Elle est formée d’une muqueuse squameuse non protégée par le mucus protecteur.
- La muqueuse glandulaire : c’est la partie inférieure de l’organe. Cette région présente une muqueuse sécrétante composée de plusieurs glandes gastriques et de cellules sécrétrices de mucus et bicarbonate. Certaines de ces glandes gastriques produisent de l’acide chlorhydrique ou du pepsinogène qui permettent soit la diminution du pH de l’estomac soit la digestion des aliments.
Ces deux zones sont délimitées par le margo-plicatus.

Schéma 1 : Anatomie simplifiée de l’estomac du cheval (source : IFCE)
La région glandulaire possède différents systèmes de protection face à l’acidité de l’estomac.
En effet, elle est protégée notamment par la sécrétion de bicarbonate et de mucus qui vont venir créer une barrière protectrice. Elle possède également un renouvellement cellulaire rapide et une vascularisation importante permettant l’apport d’oxygène, de substances nutritives et de facteurs de réparation.
La région squameuse en revanche n’est pas protégée. Les cellules qui y sont présentent sont donc sensibles au contenu acide de l’estomac.
Apparition de l’ulcération gastrique et types d’ulcères
Les ulcères peuvent apparaître sur toutes les zones de l’estomac même si la majorité se trouve sur la ligne margo-plicatus ou dans la région squameuse non-protégée.
En conditions normales, le pH du contenu gastrique de l’estomac qui se trouve dans la région squameuse est plus élevé que dans le reste de l’estomac. Cette muqueuse n’est normalement pas exposée à un pH inférieur à 4 contrairement aux cellules de la zone glandulaire où le pH moyen est normalement autour de 2 ou 4 en fonction de la zone.
L’acide chlorhydrique produit par l’estomac pour la digestion des aliments acidifie le contenu de l’estomac. Lorsque la salive et de mucus ne suffisent plus à tamponner cette acidité, le risque d’ulcères augmente.
L’apparition des lésions commence par une inflammation localisée, appelée érythème, ou un épaississement des cellules de la muqueuse squameuse, appelé hyperkératose, sans rupture de l’épithélium. Si le suc gastrique continue d’attaquer les cellules endommagées, les lésions peuvent aller jusqu’à l’érosion des cellules. L’ulcère à proprement parlé correspond au dernier stade de l’EGUS, lorsque la plaie atteint le tissu conjonctif qui se trouve sous les cellules épithéliales de la muqueuse.
L’EGUS regroupent différents types de lésions, selon leur localisation :
- Lésions squameuses primaires : lésions qu’on trouve principalement chez le cheval adulte, dans la région squameuse de l’estomac. Il n’y a pas d’impact de l’âge, du sexe ou de la race sur ces lésions.
- Lésions squameuses secondaires : lésions qu’on trouve principalement chez le poulain à la suite d’une pathologie ulcéreuse gastro-duodénale (poulain sous la mère ou poulain juste sevré)
- Lésions glandulaires : lésions qu’on trouve souvent à la suite d’une altération de la muqueuse glandulaire ou d’un dysfonctionnement des mécanismes de protection de cette muqueuse. Elles sont dues à la toxicité des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
- Lésions primaires de la muqueuse glandulaire cardiale : lésions qu’on trouve chez le nouveau-né, sous le margo-plicatus, à la suite d’un stress intense (ex : traumatisme, affection sévère)
Les principales lésions rencontrées chez le cheval adulte de sport ou de course sont les lésions squameuses. Au sein de ces lésions squameuses, on distingue quatre grades d’ulcères, selon la sévérité des lésions (cf. Tableau 1).

Tableau 1 : Système de notation des ulcères gastro-intestinaux chez le cheval (source : Marguet, C. 2009).
Causes et symptômes du syndrome des ulcères gastriques équins
Les ulcères gastriques touchent entre 60 et 90% des chevaux adultes et 20 à 50% des poulains au moins une fois au cours de leur vie. Cette prévalence est indépendante de l’âge ou de la race des chevaux. Pour les lésions ulcéreuses squameuses primaires, il existe néanmoins des facteurs prédisposants comme l’alimentation et l’exercice.
Les 4 principaux facteurs d’ulcères sont les suivants :
- L’entrainement et le travail intensif : la prévalence d’ulcère varie en fonction de l’activité pratiquée. En fonction des études, la prévalence des ulcères chez le cheval de course pur-sang peut aller jusqu’à 93% et jusqu’à 65% chez le cheval de CSO contre 3% chez le cheval au repos au pâturage. Pendant l’effort, les contractions et la pression physique entraînées sur l’estomac sont à l’origine de la mise en contact de la muqueuse squameuse et du contenu digestif acide entrainant une augmentation du risque de lésion. Il a aussi été démontré que la quantité d’acide chlorhydrique produite chez les chevaux à l’entraînement est plus importante, acidifiant ainsi le contenu de l’estomac.
- L’alimentation : chez le cheval athlète, l’alimentation distribuée apporte souvent des grandes quantités de glucides fermentescibles, principalement par les céréales. Une alimentation trop riche en glucides rapidement fermentescibles peut entraîner la formation d’ulcères en acidifiant le pH gastrique. Le faible apport des fibres ou la distribution de rations déséquilibrées en fibres prolonge le temps de séjour de l’aliment dans l’estomac et prolonge l’exposition de la muqueuse squameuse au suc gastrique. Le mode de distribution est aussi un facteur majeur de risque (repas concentrés peu fractionnés, période de jeûne entre les repas notamment chez les chevaux en box, etc.) en faisant chuter fortement le pH gastrique. Un changement fréquent de ration ou trop brutal impacte également l’apparition de lésions.
- La distribution de médicaments : la distribution prolongée d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peut-être une cause d’apparition des ulcères, notamment en réduisant la production de mucus (apparition de lésions glandulaires).
- Le stress et les perturbations environnementales : le stress est un facteur aggravant de la prévalence des ulcères et notamment au cours des transports, de l’arrivée dans des lieux inconnus, du sevrage, etc.
Les symptômes des ulcères avec lésions squameuses primaires peuvent être très discrets mais plusieurs signes cliniques sont reconnaissables :
- Inconfort abdominal et appétit anormal (prise alimentaire lente, tri, etc.),
- Diminution de l’abreuvement,
- Forme légère de coliques après les repas,
- Perte d’état général (amaigrissement, qualité du poil, etc.),
- Intolérance à l’effort et baisse de performances,
- Changement de comportement (perte d’enthousiasme, etc.),
- Bâillements répétés.
Dans les formes de lésions aiguës, les chevaux peuvent présenter des signes cliniques associés à la douleur, notamment en cas de stimulation mécanique de la muqueuse atteinte (prise alimentaire, pression intra-abdominale de l’équipement notamment la sangle, etc.).
Certains animaux n’expriment aucun symptôme clinique et sont tout de même atteints, ce qui en fait une pathologie souvent sous-diagnostiquée.
Traiter et prévenir l’ulcère.
Traitement des lésions.
Le but du traitement vétérinaire est de stopper les signes cliniques et de favoriser la cicatrisation.
Le traitement principal des ulcères passe par la distribution des inhibiteurs de la pompe à protons (lansoprazole, oméprazole) qui stoppe la sécrétion d’acide chlorhydrique afin de diminuer l’acidité de l’estomac et de protéger la muqueuse.
Pour accélérer la cicatrisation et pour améliorer le confort de votre cheval, le vétérinaire peut aussi conseiller d’utiliser des pansements gastriques ainsi que des compléments alimentaires reconnus pour leur rôle sur le confort gastrique (pectine, bicarbonate de sodium, pré et probiotiques, argile, aloe Vera, etc.).
Les mesures expliquées dans le paragraphe suivant peuvent ensuite être mises en place pour limiter la récidive des lésions.
Les ulcères de la zone glandulaire restent cependant durs à traiter. Il est démontré qu’un apport en bactéries vivantes contribue à la réduction de la gravité et limite le développement des pathogènes au niveau des lésions.
Prévention de l’EGUS.
Du fait de sa forte prévalence, la prévention des ulcères doit être mise en place au quotidien notamment chez le cheval athlète, plus sensible du fait de son entraînement intensif :
- Limiter au maximum les périodes de jeûne alimentaire : chez les chevaux sensibles, le meilleur moyen est de distribuer du foin à volonté, tout au long de la journée. En effet, dans la nature, le cheval passe près de 16 heures à brouter et n’est donc jamais à jeun. Il faut donc veiller à ne pas excéder 2h de jeûn.
- Adapter la ration : il est conseillé de privilégier l’apport de fibres. L’apport de céréales chez le cheval athlète est souvent incontournable mais l’amidon doit être maitrisé et les repas fractionnés. On veillera à ne pas excéder 100g d’amidon pour 100kg de poids vif et par repas. Chez les chevaux très sensibles, il faut limiter les rations apportant de l’amidon très digeste en grande quantité (avoine, flocons de céréales, etc.). L’apport de matières grasses est aussi connu pour limiter l’apparition d’ulcères. La luzerne en contrepartie a un fort pouvoir tampon.
- Fractionner les repas : plus les repas seront fractionnés, plus le temps de séjour sera court et plus la production d’acide chlorhydrique sera contrôlée. De plus, le fractionnement de l’alimentation permet de diminuer le volume de l’aliment et de raccourcir le temps de séjour de l’aliment dans l’estomac et donc de limiter l’exposition prolongée au suc gastrique acide.
- Protéger la muqueuse de l’estomac au cours de l’effort : la distribution de fourrages avant le travail ou avant une échéance sportive permet d’augmenter la production de salive et de tamponner le suc gastrique. Des pansements gastriques ou des compléments alimentaires formulés pour le confort gastrique, souvent sous forme de pâte ou de gel, peuvent aussi être distribués juste avant l’effort.
- Limiter et gérer les expositions aux situations stressantes.
En résumé, ci-dessous un tableau récapitulant les différents facteurs limitants et des facteurs aggravants concernant le risque de prévalence d’ulcères de lésions de la muqueuse squameuse :

Tableau 2 : Synthèse des facteurs de risques de lésions de la muqueuse squameuse.
Programme EDHYA pour la gestion des ulcères
- EDHYA MYOGARD RACING soutient les fonctions gastriques et musculaires en participant à la protection et au renouvellement des parois de l'estomac.
- EDHYA GAST améliore le confort gastrique des chevaux souffrant de sensibilités digestives ou d'ulcères.
- EDHYA FORM apporte les bactéries bénéfiques lors d’ulcères de la zone glandulaire.
__
Sources :
-
Martin-Rosset, W. et coord. 2012. Alimentation des chevaux. Paris : Editions Quae.
-
NRC (Comittee on Nutrient Requirements of Hors), 2007. Nutrient Requirement of Horses : Sixth Revised Edition. 6ème edition. Washington, D.C. : The National Academies Press.
-
Tamzali Y. 2011. Les ulcères gastriques « EGUS », DMV, PhD, Dipl. ECEIM, Médecine Interne Équine Clinique Équine, École Nationale Vétérinaire de Toulouse.
-
Delerue, M. et al. 2020. Les ulcères gastriques. [article en ligne]. https://equipedia.ifce.fr/sante-et-bien-etre-animal/maladies/systeme-digestif-et-parasitisme/les-ulceres-gastriques
-
Andrews, F.M. et al. 2017. Nutritional management of gastric ulceration. Equine Vet. Educ., 29(1) : 45-55.
-
Couroucé-Malblanc, A. et Desbrosse, F. 2010. Maladies des chevaux, 2ème édition. Guides France Agricole.
-
Marguet, C. 2009. Etude de prévalence des ulcères gastriques chez le cheval d’endurance. Médecine vétérinaire et santé animale. École Nationale Vétérinaire de Toulouse.